Chapitre #12: Avant l'arrivée du bébé

Akim continuait de s'occuper de la maison, notamment en réparant le mobilier qui avait besoin d'un peu de renouveau. Félicité pouvait toujours aller travailler, ce dont elle ne se privait pas. Il avait été convenu qu'une fois le bébé à la maison, son père s'en occuperait afin que la jeune femme puisse poursuivre sa carrière. Elle était heureuse de devenir mère, mais elle ne voulait pas pour autant sacrifier son avenir professionnel.

"Tout va bien? demanda son compagnon quand elle rentra de sa première journée.

-Je suis fatiguée et j'ai mal au dos... Mais ça va!"

Il se glissa derrière elle, et lui offrit un massage qu'il renouvellerait encore plusieurs fois durant sa grossesse.

C'était à Akim de faire les courses, et il avait également commencé à passer un peu de temps dans les magasins immobiliers pour repérer ce qui serait le mieux pour le bébé, et il montrait ensuite ce qui lui plaisait à Félicité dans les magazines.

"Ce berceau a l'air confortable, qu'est-ce que tu en penses?
-Il n'est pas mal, c'est vrai... Quels sont les coloris disponibles?"

Le futur papa prenait son rôle très à coeur, il avait hâte de commencer les travaux dans la maison, afin de créer la chambre parfaite pour le bébé.

Au fur et à mesure que le temps passait, le ventre de la jeune femme grossissait, et ses humeurs devenaient de plus en plus instables. Il lui arrivait de fondre en larmes, sans vraiment savoir pourquoi, et seul Akim parvenait à la calmer et à lui faire entendre raison.

"Tu es sûre que tu ne veux pas prendre quelques jours de congé? fit-il en la prenant dans ses bras.
-Je ne peux pas, il y a tellement de choses à faire en ce moment!
-Mais ce n'est pas bon pour le bébé, ni pour toi d'ailleurs, d'être aussi surmenée!"

Elle secoua la tête en respirant profondément.

"Je vais tâcher de ralentir le rythme..." promit-elle.

Mais le jeune homme la surveillait toujours du coin de l'oeil, pour l'obliger à penser à autre chose lorsque c'était nécessaire. C'était une sorte d'équilibre qu'ils avaient instauré, pendant que l'une ramenait au foyer de quoi vivre et portait leur enfant, l'autre prenait soin de la maison et de ceux qui y revenaient le soir, après une dure journée de travail.

Le moment de la douche était toujours particulier pour la jeune femme: lorsqu'elle se déshabillait, et qu'elle se retrouvait totalement nue devant le miroir, elle pouvoir voir son ventre grossir de plus en plus.

L'idée de devenir mère était à présent bien ancrée en elle, et des tas de choses auxquelles elle n'avait jamais pensé arrivaient dans son esprit.

Quand la nuit tombait, et qu'elle se cachait dans les bras de son compagnon pour s'endormir, de longues discussions les tenaient encore éveillés.

"Le médecin a dit que ce serait un garçon... annonça-t-elle un soir en éteignant la lumière.
-Vraiment?
-Oui! Comment est-ce que nous allons l'appeler?
-Tu as des idées?
-J'aimais bien le prénom Gabriel... Mais Kilian, c'est aussi très joli.
-Ils me plaisent aussi tous les deux.
-Nous avons le temps de nous décider...
-Bien sûr."

La maison comportait une pièce qui, jusqu'à présent, était encore totalement vide. Akim avait occupé ses journées précédentes à choisir la peinture qui recouvrirait les murs: avec Félicité, ils étaient tombés d'accord pour peindre trois des murs en un bleu d'eau. Une couleur qu'ils pensaient unisexe, au cas où ils prévoyaient d'avoir d'autres enfants.

Un tapis se trouvait déjà sur le sol, ainsi qu'une petite poupée.

Il lui semblait important que son fils possède ce genre de jouet. La plupart des gens pensaient qu'il s'agissait d'un jouet pour fille, mais il n'était pas d'accord: savoir s'occuper d'un bébé, c'était une chose que femmes comme hommes devaient savoir faire. N'était-il pas tout à fait naturel qu'un enfant veuille s'occuper à son tour d'un autre enfant?

La poupée était dans sa famille depuis bien longtemps, lui-même avait joué avec quand il était plus petit, et il voulait transmettre cet héritage à son enfant.

Félicité avait été amusée de découvrir cette poupée, mais l'avais immédiatement adoptée.

Les travaux avançaient, et une fois que le plus gros des meubles fut monté, il ne resta plus qu'à décorer la pièce, avec quelques jouets et figurines, ainsi que des tableaux et des affiches qu'on pouvait accrocher sur les murs.

Quand elle était en week-end, ou qu'elle disposait d'un jour de congé, Félicité aimait parcourir les brocantes et les magasins d'occasion pour dénicher la perle rare. Ils ne roulaient pas sur l'or, et avec le crédit de la maison, ils ne pouvaient pas se permettre de trop dépenser. Ils avaient acheté l'essentiel, il ne restait plus qu'à trouver le reste dans les petites boutiques, bien moins chères.

Ce fut durant un jour de son dernier trimestre que Félicité eut un coup de coeur pour quelques objets fantaisistes, dans une boutique du centre-ville. C'était un endroit réputé pour vendre des objets assez anciens, mais elle n'avait jamais été déçue, et elle aimait ce qui avait un air rustique.

"Ces objets seront parfaits pour une chambre d'enfant! lui fit la vendeuse.
-C'est ce que je pense aussi!
-C'est pour bientôt?
-Oui, encore quelques semaines et je serai délivrée! rit-elle en prenant son sac."

Toute la neige avait disparu, malgré les températures encore fraîches. Le printemps était arrivé, et elle pourrait bientôt se débarrasser de ses pulls trop épais.

Quand elle rentra ce samedi, elle n'eut qu'à placer ce qu'elle venait d'acheter dans la chambre: une peluche et une toupie ancienne. Tout était prêt pour accueillir le bébé à présent. Elle passa la main sur la commode, qui sentait encore le neuf. Akim n'allait pas tarder de rentrer des courses, avec des bavoirs, des couches, et peut-être même un pyjama pour nouveau-né.

La pièce prenait petit à petit vie, et c'était merveilleux.

Félicité se posa dans le salon en attendant. Elle avait ramené une pile d'ouvrages à lire du travail: ce n'était pas parce qu'elle allait bientôt partir en congés maternité qu'elle ne pouvait pas continuer à se cultiver, ni à se tenir au courant des dernières informations.

Plus elle grimpait dans les échelons de sa carrière, et plus il lui semblait important d'étendre ses connaissances dans divers domaines. Elle avait toujours un de ces bouquins dans son sac, notamment lorsqu'elle avait rendez-vous chez le médecin pour des échographies.

Sa grossesse se déroulait parfaitement, et sa gynécologue avait confirmé qu'il s'agissait bien d'un petit garçon.

Avec le printemps, les allergies étaient aussi de mise. Akim n'appréciait pas particulièrement les pollens, et il passait une grande partie de ses journées à éternuer. Il aurait donné cher pour ne pas avoir à sortir, mais à la vue de la taille du ventre de sa compagne, il était évident que lui seul pouvait accomplir des tâches telles que les courses ou se rendre au bureau de poste.

Félicité avait besoin de repos, et de détente. Le bébé serait bientôt à la maison, et il ne doutait pas que le rythme serait tout aussi usant. Mais ce serait différent, ils commenceraient une nouvelle vie à trois.

Il arrivait encore au jeune homme de prendre son amante dans ses bras pour lui faire l'amour, même si vu sa condition, ce n'était pas facile. Son ventre était devenu imposant, comme un obstacle à leurs envies, et il leur fallait imaginer de nouvelles positions pour réaliser leurs fantasmes.

Il aimait poser les mains sur ce ventre nu, ce ventre arrondi dans lequel se cachait son fils.

"Il bouge, murmura-t-il un soir.
-En ce moment, il est très actif, tu as raison. Le docteur a dit que c'était bon signe, c'est un bébé en pleine forme! Même si j'ai du mal à trouver le sommeil à cause de lui... soupira-t-elle.
-Tant mieux, répliqua Akim. Comme ça, tu seras à moi toute la nuit..."