26/09/2016

Chapitre #6: La suspicion

Quand Félicité avait franchi le seuil de la maison, elle ne s'était pas attendue à un tel spectacle. A cette heure de la nuit, elle avait pensé que son amie serait en train de dormir, mais ce n'était pas le cas. Pire encore, le salon était dans un état lamentable.

"Qu'est-ce que...
-Oh, je pensais que tu ne dormirais pas ici... J'allais tout ranger, je te le promets!
-Là n'est pas la question, pourquoi est-ce que la pièce est dans un tel état?!
-Je vais tout ranger demain, je t'assure..."
Félicité jeta un oeil sur un sac dont dépassait des billets, puis posa à nouveau les yeux sur son amie, qui venait d'allumer une cigarette.

"Depuis quand est-ce que tu...
-Tu ne pensais quand même pas que je me contentais du bar à bulles en boîte de nuit?"
Elsa alla se coucher, laissant son amie abasourdie. Quand Félicité se réveilla le lendemain matin, la maison était nickel, comme s'il ne s'était rien passé. Elle en venait à se demander si elle n'avait pas rêvé... Mais plus encore, elle commençait à penser que ce n'était peut-être pas la première fois que cela se produisait, et qu'elle ne s'en était jamais rendu compte. Quelques temps après son réveil, elle appela Akim pour lui faire part de son appréhension.

"Je ne comprends pas, elle me fait peur... Je ne la reconnais plus. Et tout cet argent, si tu l'avais vu! Je n'ai même pas osé lui demander d'où il venait. J'ai peur qu'il y ait quelque chose qu'elle ne veuille pas me dire..."
Quand elle retourna à l'intérieur, elle prit place près d'Elsa sur le canapé, décidée à lui parler.

"Tu ne vas pas me dire ce qu'il s'est passé? demanda-t-elle.
-Il ne s'est rien passé, j'avais juste invité quelques connaissances, c'est tout...
-Et ce sont elles qui t'ont donné tout cet argent? Je croyais que tu avais du mal à joindre les deux bouts, c'est pour ça que je t'ai proposé de venir t'installer chez moi.
-Ecoute, tu devrais oublier tout ça, d'accord?
-Je ne crois pas non! Tu es quand même chez moi, et une dernière chose encore, je ne veux plus que tu fumes ici!
-Comme tu voudras."

Elsa haussa les épaules, puis retourna à son programme télé.
Excédée, Félicité se leva et alla chercher l'ordinateur portable qu'elle s'était offert. Alors que Elsa n'avait toujours pas trouvé de travail, elle avait enfin profité d'une petite prime qui lui avait permis de s'acheter un ordinateur, elle pouvait donc maintenant travailler chez elle. Mais, même le nez dans un livre de recherche ou sur l'écran, elle ne pouvait cesser de penser à son amie.

Qu'est-ce qui n'allait pas? Pourquoi ce changement brutal? Avait-elle vraiment changé, ou bien est-ce qu'elle n'avait pas su déceler sa véritable personnalité à temps?

"Je dois y aller, à tout à l'heure! lui fit Elsa avant de sortir."
Félicité attendit qu'elle soit effectivement bien partie, puis elle referma son ordinateur. Elle n'arrivait pas à se concentrer, et c'était l'occasion pour elle de fouiller la maison. Qu'avait-elle fait de ce sac d'argent? Elle ne pouvait pas déjà s'en être débarrassé...

Elle chercha longtemps, soulevant les oreilles du lit et fouillant chacun des vêtements de son amie, mais elle ne trouva rien qui puisse satisfaire sa curiosité. Il n'y avait rien de suspects dans ses affaires, et, cela lui semblait justement bien trop lisse et sage pour correspondre à la vérité. Elsa avait du faire le ménage cette nuit, pendant que Félicité dormait.

Elle ne voyait pas d'autres solutions.
Quelques instants plus tard, Akim était là. Félicité ne put s'empêcher de tout lui raconter. Elle avait trouvé en lui une oreille attentive, et une épaule sur laquelle se reposer. Il semblait tout aussi embêté qu'elle, parce qu'il savait à quel point les deux jeunes femmes étaient proches.

"La situation est délicate... Tu crois pas que tu devrais lui demander?
-Mais on dirait qu'elle évite mes questions. Je n'aime pas cette situation, mais je ne sais pas non plus comment m'en dépêtrer... Il y a quelque chose que je ne comprends pas, qui ne lui correspond pas. Elle est si gentille avec moi, elle a été la première à me tendre la main.
-Parfois les gens ne sont pas ce qu'ils semblent être.
-Mais elle... ce n'est pas possible."
Quand elle le laissa repartir, elle fut seule dans l'appartement. Elsa n'était pas encore rentrée, et il semblait qu'elle allait devoir passer le reste de la soirée avec pour seule compagnie la télévision et un livre. Elle cuisina quelques bâtons de poisson pané, qu'elle accompagna d'une feuille de salade, et s'affala sur le canapé. Leur vieux canapé de fortune, que Elsa avait réussi à dégoter après qu'un voleur se soit introduit chez elle.

Elle n'avait pas eu de nouvelles de cet incident, mais depuis qu'Elsa était là, le voleur avait fini par disparaître de la circulation. La police ne lui avait pas donné plus d'informations, et elle doutait qu'il finisse par se faire arrêter un jour.

Elle soupira et ouvrit son livre. Son patron lui avait donné de la lecture dans le but de s'améliorer, et même si le sujet n'était pas passionnant, elle devait le faire.
Elle croisa son amie dans le couloir, alors qu'elle allait se coucher. Elle était toute souriante, comme si rien ne s'était passé, mais Félicité n'était pas d'humeur à ignorer les malentendus qui s'étaient créés entre elle.

"Tu vas te coucher? lui demande Elsa.
-Ouais, répondit-elle en passant près d'elle."

Elle ne lui jeta même pas un regard. Elle se sentait tout à coup énervée. Elles étaient amies après tout, est-ce qu'elles n'étaient pas sensées tout se dire? Elle lui avait bien confié ses doutes à propos de ses sentiments. Si elle avait des problèmes d'argent, elle était prête à l'aider...
Au petit matin, une surprise inattendue lui fit face quand elle ouvrit la porte principale de l'immeuble: le sol était entièrement blanc, et quelques flocons tombaient du ciel. Il s'agissait des premières neiges auxquelles Félicité assistait, et elle trouvait cela fantastique.

Elle sortit les poubelles, déçue de ne pas pouvoir profiter de cette journée spéciale. Il était tôt, et il était pourtant grand temps d'aller travailler. Sur le chemin, ses pas crissaient doucement, et les alentours semblaient être des plus calmes.

C'était une atmosphère qu'elle appréciait beaucoup, et elle en oublia tous ses soucis pendant un court instant.
Quand sa journée de travail fut terminée, elle fut ravie de constater qu'il neigeait toujours. Ne sachant pas combien de temps la neige pouvait tenir, elle décida qu'elle ne passerait pas son après-midi à l'intérieur, et elle se dirigea immédiatement vers le centre de la ville.

Elle en profita pour passer à l'épicerie, pour profiter de quelques promotions sur les légumes d'hiver. C'était un temps à manger une bonne soupe bien chaude, et elle acheta ce qu'il lui fallait pour satisfaire ce désir soudain.

Elle se posa un instant pour admirer la neige, qui avait recouvert tous les toits de la ville. C'était ce qu'elle avait vu de plus beau au monde, et elle se réjouissait de savoir que, lorsque le soleil reviendrait, la neige serait toujours au rendez-vous lors de l'hiver prochain.
Elle se rendit ensuite à la laverie automatique. Il y avait toujours beaucoup de linge à laver, et sa garde-robe n'était pas extensible. Elle resta songeuse en prenant les vêtements d'Elsa dans ses mains. Il était clair qu'elle se sentait en colère, parce que son amie lui cachait quelque chose. Mais si Elsa avait l'intention de se confier finalement à elle, si elle continuait à lui faire la tête, elle ne lui donnerait pas l'occasion de s'expliquer...

Tout était assez confus dans sa tête, et elle se posa sur un canapé, attendant que la machine à laver ait terminé de tourner.
Sans doute devait-elle lui laisser une chance. Le linge propre et sec, elle entra ensuite dans l'église, là où elle avait rencontré Akim pour la première fois. Elle ne se sentait aucunement appartenir à cette religion, mais on lui avait toujours dit qu'elle serait la bienvenue ici, que ce soit pour chercher des réponses, ou tout simplement pour poser ses questions.

A ce moment précis, elle avait des questions. Elle se demandait ce que son amie lui cachait, et s'il ne s'agissait pas de quelque chose de plus sérieux qu'un simple problème d'argent.

Au fond, qui était Elsa? Elle savait juste qu'elle n'avait pas de famille ici, et qu'elle n'avait plus de travail. C'était pour ça qu'elle lui avait proposé de venir en colocation avec elle.
Une situation qui s'était révélée idyllique au début, elles étaient devenues les meilleures amies du monde. C'était en tout cas ce que Félicité avait pensé. Qui était-elle exactement pour Elsa?

Elle se leva de son banc, et leva les yeux sur le balcon. Elle se dirigea vers l'orgue solitaire, et joua quelques notes. Elle n'avait rien oublié des cours de piano que lui avait donnés sa mère, même si elle n'avait jamais été très forte pour cela.

"Eh bien, tu n'es pas si mauvaise que ça! lui lança Akim qui venait d'apparaître.
-Oh tu es là!
-Je viens faire mon service, dit-il."

Elle hocha la tête, et il la serra dans ses bras avant de s'asseoir sur le banc de l'instrument.
La jeune femme resta un moment à écouter son amant jouer, avant de le laisser et de partir. Il allait sans doute jouer tard, et il n'était peut-être pas disposé à l'écouter se plaindre une nouvelle fois. Quand elle sortit du bâtiment, il faisait déjà nuit, et elle se dépêcha de rentrer.

Elle se promit de laisser une nouvelle chance à Elsa, une chance de s'expliquer lorsqu'elle serait à la maison.

Cependant, l'appartement était à nouveau vide. Elsa n'était ni dans le salon, ni dans la chambre, et Félicité se coucha une nouvelle fois seule.
Elsa rentra tard, une cigarette à la bouche. Elle tira plusieurs bouffées, avant d'écraser son mégot sur le sol. Il n'était pas question que Félicité la voit encore en train de fumer... Depuis ce fameux soir, elle lui adressait à peine la parole.

Elle soupira, la situation avait dégénéré, bien plus que ce qu'elle avait pensé. Comment aurait-elle pu savoir qu'elle rentrerait ce soir là, et qu'elle ne passerait pas la nuit dans les bras de son bel amant? A sa place, c'est ce qu'elle aurait fait. Mais elle avait oublié que Félicité n'était qu'une novice, à la recherche du grand amour...

Peut-être qu'un jour, elle comprendrait. Elle comprendrait pourquoi elle était obligée d'agir ainsi. Elle était désolée d'avance.

4 commentaires:

  1. Je me demande vraiment ce qu'il se passe avec Elsa, c'est très suspect, je n'aime pas trop ça...

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  2. Bonjour,
    Je viens de lire les six chapitres, et, j'aime bien cette histoire de sims. Petite question : pourquoi ? "La jeune femme resta un moment à écouter son amant jouer" => il n'y a pas eu de crac-crac Hi... Hi... :-)

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    1. Merci pour ta lecture! :)
      Pourquoi? eh bien parce qu'on ne fait pas ça les premiers jours, héhé!

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