22/08/2016

Chapitre #1: Premiers pas

La nuit était sur le point de se terminer sur Plavi Raj, et le petit matin pointait le bout de son nez. La lune avait laissé sa place au soleil et à quelques nuages gris, et les lampadaires du centre-ville s'étaient éteints: plus personne n'avait besoin d'eux. Depuis la fenêtre de son petit studio, Félicité pouvait admirer ce spectacle chaque matin à présent.

Depuis qu'elle était arrivée sur le rivage, sa vie avait changé du tout au tout. Elle avait un toit, un job qui lui permettait de remplir son frigo et de payer ses premières factures, tout ce dont elle avait toujours rêvé.
Quand elle se leva ce matin-là, elle sentait que la journée allait être bonne. Il y avait tant de choses à découvrir, elle n'était là que depuis une semaine, et elle était certaine que la ville recelait de secrets.

Elle éteignit son réveil et s'étira longuement. Elle n'avait jamais dormi sur un lit aussi confortable. Le propriétaire avait beau lui avoir dit que le matelas n'était plus tout jeune, il l'était pourtant beaucoup plus que les lits qu'elle avait connu durant son enfance. Elle eut une pensée pour sa mère, qui avait quitté la vie sur l'île déserte où elle-même était née. Elle n'oublierait jamais cette histoire fantastique, le naufrage mystérieux de ses ancêtres.

Elle n'était pourtant pas prête à laisser la nostalgie diriger sa vie, et elle prit une douche chaude pour se réveiller. Le confort d'une douche parfumée était peut-être celui qu'elle préférait le plus.

Elle se sécha, puis s'habilla. Elle était particulièrement heureuse de pouvoir porter des habits modernes et neufs, ainsi que des chaussures. Elle n'en avait jamais vues jusqu'à présent.

Elle appréciait beaucoup le moment du petit-déjeuner. Généralement, elle mangeait un bol de céréales, ou une biscotte avec de la confiture, quelque chose qu'elle avait découvert dans le supermarché du coin. C'était délicieux et très sucré.

Elle profitait de ce moment pour savoir comment elle allait remplir sa journée. Il y avait le travail bien sûr, mais elle avait droit à deux jours de congé par semaine, et elle comptait toujours en profiter pleinement.

Ce dimanche, elle voulait sortir un peu. Il faisait beau, et elle avait appris que le soleil n'était pas l'unique météo possible.
Elle descendit donc jusqu'au centre-ville, où un taxi la déposa sur le parvis de la grande place centrale. C'était l'un des premiers endroits qu'elle avait découvert en arrivant à Plavi Raj, et elle l'appréciait toujours autant. Il y avait quelques boutiques, mais aussi des terrasses où se reposer et profiter de la vie.

Elle choisit l'une d'entre elles, et prit place auprès d'un bar.

"Un cocktail étoilé s'il vous plaît! demanda-t-elle à la serveuse.
-Tout de suite!"

Elle sirota longuement son verre, puis régla l'addition.
Les boutiques étaient bien entendu fermées, mais cela ne l'empêchait pas de pouvoir regarder les différentes vitrines. Il y avait des robes qu'elle trouvait magnifiques, et elle regrettait de ne pas avoir assez d'argent pour s'en offrir une. Ce n'était pas tout de suite qu'elle allait pouvoir acheter une robe de luxe: son maigre salaire suffisait tout juste à payer le loyer, les factures et la nourriture essentielle à sa survie.

Elle devait donc se contenter de regarder les vitrines bien remplies, en espérant pouvoir entrer dans ce genre de magasin un jour.
Quand elle en eut assez, elle se dirigea vers l'extérieur du centre-ville, où se trouvait le port. C'était un endroit sympathique et calme, depuis lequel on pouvait admirer la baie de la ville, ainsi que les bateaux qui partaient, et d'autres qui revenaient d'une longue balade.

Elle traversa le ponton qui la mena sur le quai, puis choisit un banc inoccupé. Quelques nuages traversaient le ciel, mais dans l'ensemble, il faisait beau. La chaleur était encore supportable, mais elle sentait que bientôt, il lui faudrait sortir les t-shirts et les débardeurs, si elle ne voulait pas avoir trop chaud.

Le clapotis de l'eau l'apaisa tellement, qu'elle en oublia complètement le temps.

Aussi, lorsqu'elle s'occupa de savoir l'heure qu'il était, elle se rendit compte qu'il était déjà bien tard et que la journée touchait à sa fin. Elle décida de prendre le métro pour rentrer, ce qui serait beaucoup plus rapide à cette heure-ci que de devoir attendre un taxi, qui s'embourberait probablement dans les bouchons.

Elle se dirigea vers la gare souterraine, et s'avança dans les tunnels. La première fois qu'elle l'avait emprunté, elle avait eu du mal à croire qu'on pouvait voyager sous terre de manière aussi simple. Mais à peine une semaine plus tard, elle en était venue à penser que c'était, finalement, un moyen de transport plutôt banal.
Après une journée bien remplie comme celle-ci, Félicité aimait prendre encore un peu de temps pour elle et pour se détendre, et elle pratiquait le yoga sur le tapis de son salon. Après tout ce qui lui était arrivé durant son enfance, elle éprouvait le besoin de se retrouver, de se concentrer sur elle-même pour chasser toutes les pensées négatives qui l'habitaient.

Ainsi, en travaillant sur les postures de son corps, elle apprenait à laisser aller ses émotions, et à se débarrasser des tensions accumulées au cours de la journée.

Personne n'était capable d'imaginer ce qu'elle avait traversé, ni ce qu'elle avait pu éprouver lorsqu'elle avait abandonné sa mère sur cette île lointaine. Le yoga était la seule façon qu'elle avait de partager tout cela.
Enfin, la nuit tomba à nouveau sur la ville. La jeune femme se mit en pyjama, puis se glissa sous les draps chauds et moelleux de son lit. De là, elle pouvait aisément admirer le centre-ville, de l'autre côté de la baie. Il était entièrement illuminé par les lampadaires et enseignes lumineuses des magasins, elle trouvait que c'était un spectacle fantastique. Ce soir-là, elle avait même la chance de pouvoir admirer les étoiles qui se reflétaient dans l'océan.

Elle ferma les yeux, puis s'endormit rapidement. La journée qui allait suivre risquaient d'être bien remplie à nouveau, une autre semaine s'annonçait.
Félicité avait trouvé un job en tant que livreuse de journaux. Ce n'était pas un métier de rêve, d'après les nombreux sims qu'elle avait pu rencontrer durant ses entretiens d'embauche, mais elle pouvait quand même gagner sa vie, et c'était la seule chose qui avait compté lorsqu'elle avait commencé à chercher un travail.

Etant donné le peu de qualifications requises, on l'avait rapidement embauchée, et elle avait commencé dès le lendemain matin. La seule chose qu'elle regrettait, c'était de devoir porter cet uniforme jaune qu'elle trouvait peu seyant, ainsi que cette casquette.

On lui avait promis qu'il existait des possibilités d'évolution au sein de l'entreprise, et elle avait hâte de quitter ces vêtements.
Mais pour monter dans la hiérarchie, le chemin ne semblait pas être simple. Elle rêvait d'atteindre les sommets d'une carrière de journaliste, et pour cela, elle allait devoir savoir aligner un peu plus que quelques lettres qui formaient des mots, puis des phrases.

Elle n'avait pas reçu l'éducation la plus haute qui soit durant son enfance, et elle savait tout juste lire et écrire. Elle savait que si elle voulait évoluer professionnellement parlant, il fallait qu'elle travaille ses compétences et sa culture générale.

C'était un fait, on n'avait rien sans rien ici.
Plusieurs fois par semaine, elle se rendait donc à la bibliothèque de la ville après le travail. Elle y restait une heure ou deux, selon sa motivation. Elle n'était pas pressée, et elle ne pouvait pas rattraper tout ce retard en un claquement de doigt. Elle savait que le travail l'aiderait à atteindre son objectif, mais elle y mettrait le temps qu'il faudrait.

Quand elle n'apprenait pas quelques leçons dans un manuel de grammaire ou d'orthographe, elle aimait passer son temps sur l'ordinateur. C'était un outil fabuleux qu'elle ne possédait pas chez elle, et dans lequel pourtant on pouvait trouver une foule d'informations. Tout ce qu'on ignorait se trouvait là, textes, images, elle pouvait chercher n'importe quoi, ce qui était très utile et beaucoup plus rapide qu'un livre.
De retour chez elle, Félicité ramassa le courrier. Quelques factures y traînaient encore, et elle devait se dépêcher de les régler si elle ne voulait pas avoir de problèmes. Elle savait que les premiers mois seraient difficiles, elle parvenait tout juste à joindre les deux bouts.

Elle rentra et déposa le courrier sur la table. Elle n'avait jamais eu à se soucier de l'argent quand elle était petite, elle n'avait jamais manqué de rien avec sa mère, et tout ce dont elle pouvait avoir envie se retrouvait instantanément dans l'une des pièces de leur demeure. Mermaidia avait été un endroit magique bien étrange, mais ici, il n'y avait aucune magie.

On ne pouvait avoir que ce que l'on pouvait s'offrir, et il fallait travailler pour s'en donner les moyens.
Elle n'avait donc pas de quoi se payer les services les plus simples, et lorsque les toilettes se bouchaient, ou qu'une fuite se déclarait dans la douche, le seul moyen de les réparer était de s'y engager elle-même. Elle empruntait quelques outils à sa voisine de pallier qui semblait jouir de tout le confort nécessaire, et avec un peu d'huile de coude, elle parvenait à retrouver une salle de bains qui n'était pas inondée toute la journée.

Ce n'était pas le moment de gaspiller l'eau, elle avait appris à ses dépens qu'elle coûtait cher, même si on la trouvait en grande quantité grâce à l'océan. Elle se souvint alors que sa mère lui avait appris à respecter la nature et ses composants, et elle se félicita d'avoir su régler le problème seule, préservant ainsi la mer de tout gaspillage.
Etant encore nouvelle dans la ville, elle ne pouvait pas dire qu'elle avait beaucoup d'amis. Elle avait quelques contacts avec son patron et ses collègues, mais c'était tout juste si on lui répondait quand elle leur disait bonjour le matin.

Elle avait appris à grandir sans beaucoup de contact social, cela ne la dérangeait donc pas plus que ça, mais voir que tant de gens vivaient ensemble sans même se sourire la dépassait. Même s'il y avait de nombreuses occupations en ville pour ne pas avoir besoin de s'encombrer de personnes inutiles et ronchons, elle espérait intérieurement pouvoir faire la connaissance de personnes qui la comprendraient, et à qui elle pourrait se confier.

Parce qu'elle n'avait jamais parlé à personne de l'histoire de sa famille, et qu'elle se sentait très excitée à l'idée de pouvoir le raconter à quelqu'un.

11 commentaires:

  1. Salut.

    J'ai commencé à lire la suite avec Félicité. Et j'adore ton début :).
    Vivement la suite :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Super merci beaucoup! J'espère que la suite te convaincra tout autant!

      Supprimer
  2. Hey !

    J'avais hâte que tu postes le premier chapitre et pour un début j'adore !
    Vivement l'épisode 2 ! <3

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ça me fait vraiment plaisir! Le rythme de publication sera sans doute beaucoup plus lent, j'aurais moins de temps pour publier à la rentrée!

      Supprimer
  3. Super de voir que la lignée continue... Tu rends très bien le mélange d'adaptation et de décalage que ressent Félicité. J'attends la suite (ça fait combien de génération que je te suis déjà ? 10+ 10 ?)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. la 19ème, sachant que les deux dernières histoires terminent et commencent avec la même gén ^^
      Pour la narration j'ai essayé de faire un mix, quelque chose de plus facile à écrire, j'espère que ça rend bien!

      Supprimer
  4. J'aime bien le début, la madame a l'air attachante ! Les photos sont belles et c'est bien écrit ! (même si je ne la connais à cause de mon TRES GRAND RETARD sur le Naufrage Mystérieux haha)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. mais oui, elle est toute mignonne Félicité! :) Et on ne t'en veut pas de ton retard ;)

      Supprimer
  5. Très bien la suite. Félicité à enfin u ne vie "normale" et vivement qu'elle sache lire comme il faut pour avoir une promotion !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense qu'elle sait déjà, elle a déjà eu des livres entre les mains ^^

      Supprimer
    2. A oui, c'est vrai, je n'y avait pas pensé, mais bon un peu d'apprentissage dans les autres matières et surtout du contact avec ses collègues ne peuvent pas lui faire de mal !

      Supprimer